La genèse...
Née d’une liaison entre un homme marié et la baby-sitter de ses enfants... le scénario ressemble à une série B plutôt glauque. Mais cette histoire, j'ai très vite envie d'en faire une belle histoire, La Mienne...
Maman était la bonne à tout faire, contre un toit et un peu de nourriture. Orpheline à 12 ans, sa jeune tante l'a recueillie après une promesse faite à sa soeur. Le reste de la fratrie sera séparé. Les regards déplacés de l'homme de la maison sur la jeune fille ont laissé la place au silence et au déni de sa tante. Ceux-ci l’emmèneront régulièrement à travailler à l’extérieur (l’étranger) laissant de nombreux mois l' homme dans la force de l’âge et ses deux fils sous la responsabilité de la jeune orpheline.
Non, je n’ai rien oublié de ce que fût l’avant. Je n’ai rien oublié de leur passé qui a été mon présent durant si longtemps. Mais longtemps, ça veut dire quoi ? ça veut sans doute dire jusqu’à ce que j’ai compris… peut-être.
Le trauma vient plus des non-dits que des faits… Ma réalité je l’ai construite. Rencontre après rencontre. J’ai écouté chaque acteur de la genèse de mon histoire et ce fût passionnant. Chacun a tenu son rôle à la perfection pour que je devienne qui je suis. Jamais au grand jamais je ne les ai détesté et encore moins jugé. Aucun.
J’ai parfois été sévère avec cette maman qui ne m’a jamais laissé l’ombre d’un espoir que mon Ile abritait un lien d’amour pour moi. Je me sentais pourtant si aimée. Était-ce le fruit de mon imagination ? Un amour si lointain pouvait-il embaumer mon cœur de tant de grâce ? je n’en n’ai jamais douté. L’amour ne s’explique pas. Il se vit. Je devais avoir 4 ans lorsque un jour j’ai trouvé une vieille photo. J’ai regardé ma mère et lui ai demandé « c’est qui ? » elle m’a répondu « Qui crois-tu que c’est ? » je lui ai dit « mon papa » un sourire a clos la conversation et j’ai continué à jouer. La vie était simple et douce. Je me souviens de cette routine presque ennuyeuse, mais si rassurante à la ferme. Elle appelait mon imagination au vagabondage, me réclamant sans cesse 2 grands frères. L’innocence verbalisée à haute voix n’omettant jamais d’ajouter – sans doute un peu coupable : « J’aime ma petite sœur, mais je rêve de deux grands frères. Je ne sais pas pourquoi… c’est pourtant impossible » je le disais avec tant de certitude et de sérénité… Ma mère détournant la tête, lâchait « En effet, c’est difficile d’avoir des grands frères, des petits encore, mais des grands ! » et retournait à ces occupations.
Dans sa tête la petite fille était déjà aussi loin que son cœur pouvait la porter et ce lien inexplicable, intangible et coupable se tissait dans l’univers...
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